Il se peut que ce soit le pur hasard des amitiés joyeuses et studieuses qui ait lié cinq jeunes gens épris de musique jusqu’à former un quintette à vent.
Il se peut aussi que ce soit le seul hasard des cousinages et des parentèles qui ait conduit le quintette jusqu’à la scène du Le Clair à Thiviers.
Mais on n’obtient pas une distinction au concours international Léopold Bellan tout à fait par hasard.
Il faut des talents, du professionnalisme (déjà), de la culture.
Le professionnalisme, ceux qui ont eu le privilège d’assister aux répétitions du samedi après-midi et du dimanche, ont pu le constater. Concentration sur les points clés, adaptation à l’acoustique (moyen-sèche) de la salle, réglage des équilibres sonores. Le tout pour être prêts à l’heure dite (c’est à dire avant l’ouverture de la salle.
Culture, musicale, ceux qui ont partagé avec eux le repas du soir, l’ont appréciée.
Quant au talent, il a fait l’unanimité du public.
La qualité technique d’abord, parce que le programme ne comportait aucune composition facile d’exécution – et surtout pas, quoiqu’on dise quelquefois de lui, les variations de Malcolm Arnold sur trois chants anglais de matelots (Three Shanties).
Dans le quatuor américain de Dvorak on a entendu toutes les couleurs de l’Iowa telles qu’enregistrées par une oreille tchèque, avec les accents presque symphoniques de la transposition de David Walter.
Summer Music, l’une des rares compositions pour les vents de Samuel Barber, mais souvent reprise. Sans doute parce qu’elle met en valeur chaque instrument à son tour et que le public apprécie.
L’ensemble Ruvido a interprété pour finir la Suite n°1 d’après Carmen de Bizet avec la fougue de la jeunesse.
En bis, Rêverie de Debussy, une pièce pour piano souvent transposée (quintette à vent comme dimanche aussi, ou hautbois et harpe, et d’autres encore) fut interprétée avec une grande sensibilité.
Premier concert loin de leurs bases pour ce jeune quintette. Mais ce ne fut pas parce que le public n’était pas constitué d’amis qu’il ne fut pas enthousiaste.
Ce que le hasard a fait de si beau, l’homme ne doit pas le défaire
Alors, longue vie au quintette Ruvido.